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L'i papier EXPRESS - Syndicats des professeur-e-s du Collège François-Xavier-Garneau - http://www.spcfxg.qc.ca/ - no 2 - 12 février 2016
 

L'i papier EXPRESS fait peau neuve !

 
La session d'automne 2015 fut riche en émotions : journées de grève nationale, actions intersyndicales et paralysie de certains comités!  Bien que les négociations soient terminées, la session d'hiver s'annonce assez chargée comme vous pourrez le lire dans cette nouvelle mouture de L’i papier EXPRESS. La mise en branle du comité sur la Révision de note, les nouvelles ententes préalables et la mobilisation « CPE en péril ! » sont au nombre des dossiers qui occuperont l’Exécutif.
 

Deux mots sur le nouveau format du journal

Le passage au nouveau format de L’i papier EXPRESS a été toute une aventure. Mille fois merci  à Yannick Lepage, professeur en Techniques de bureautique, pour son aide précieuse! Merci également à Nancy Murray, secrétaire au SPCFXG, pour la révision linguistique et à Dominique Boily, professeure en Techniques d'intervention en délinquance, pour la magnifique photo qui sert d'en-tête au journal.

Comme vous le constaterez, cette édition est relativement volumineuse. Si la lecture à l'écran vous rebute, il vous est possible d'imprimer L’i papier EXPRESS.

Enfin, si vous préférez ne plus recevoir ce journal, vous pouvez rapidement vous désabonner en cliquant sur le lien unsubscribe from this list , tout au bas de la page. Pour l’instant, cette section est en anglais, mais nous résorberons cette situation dès que possible.

N’hésitez pas à nous écrire si vous désirez être informés sur certains sujets ou si vous désirez publier une lettre d’opinion dans la section Tribune.

Bonne lecture!

Hélène Nazon, vice-présidente à l’information

Négos 2006 : Les ententes de principe adoptées


Résultats des votes
La consultation des assemblées générales des 46 syndicats affiliés à la FNEEQ, qui s’est échelonnée du 12 janvier au 8 février derniers, est maintenant terminée. Afin que les ententes de principe soient entérinées, la double majorité devait être atteinte. En effet, les Statuts et règlements de la FNEEQ prévoient qu’une majorité des syndicats ainsi qu’une majorité des membres votants doivent se prononcer en faveur des ententes pour qu’elles soient adoptées.

Voici les résultats :
Table centrale : 40 syndicats et 74 % des membres - Pour.
Table sectorielle : 40 syndicats et 77  % - Pour.

Nos collègues affiliés à la FEC-CSQ ont également entériné les ententes de principe dans une large proportion.

Comme nous en avons discuté avec vous lors de la Cantine syndicale, le travail de rédaction (le clause à clause) de la nouvelle convention collective reste maintenant à faire. Si un désaccord survient entre les parties syndicale et patronale sur l’interprétation des clauses de la convention, nous devrons alors nous mobiliser afin de défendre notre point de vue. La vigilance sera notre mot d’ordre.


Résultats des votes FNEEQ :
http://www.fneeq.qc.ca/fr/cegep/Negociation/Negociations-2015/2016-01-Resultats-votes-ag-ententes-principe.pdf
 

EESH : Distribution des nouvelles ressources

Nous devons également rester mobilisés parce que les comités de convention débuteront les travaux liés aux nouvelles ressources pour les étudiant-e-s en situation de handicap (EESH) et pour la formation continue. Puisque ces ressources seront l’objet d’une négociation locale, il sera d’autant plus important de décider, en assemblée générale, des priorités que nous désirons défendre auprès de la Direction. Lors du regroupement cégep des 25 et 26 février prochains, la FNEEQ lancera des travaux relatifs à la distribution de ces ressources afin d’épauler les syndicats locaux dans cette importante réflexion.    

Syndicats en lutte

On ne peut effectuer un retour sur les négociations, sans rappeler que certaines fédérations se battent toujours pour améliorer leurs conditions de travail. En effet, la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN) a recommandé le rejet des ententes, entre autres, en raison des reculs sur la question de l’équité salariale. La consultation des syndicats locaux de la FSSS-CSN prendra fin le 13 février. Selon l’issue de cette consultation, nous pourrons décider en assemblée générale d’éventuelles actions de solidarité à organiser pour soutenir nos collègues du domaine de la santé.

Les syndicats membres de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), qui regroupent 34 000 enseignant-e-s, ont également rejeté les ententes qui leur étaient proposées. Le salaire et le rangement que l’État veut leur attribuer sont au cœur du litige. Dans les dernières semaines, les membres de la FAE ont multiplié les actions dérangeantes sur le thème Nous ne plierons pas! .

CPE en péril : Chaîne humaine et entrevue à la Frimousse


Le 8 février dernier, une trentaine de personnes ont participé à une chaîne humaine, organisée par l’équipe du CPE La Frimousse. Cette action s’inscrit dans la mobilisation nationale, chapeautée par l’Association québécoise des centres de la petite enfance, contre les compressions dans les services de garde subventionnés (74 millions $ en 2015-2016 et 120 millions $ additionnels en 2016-2017).

L’i papier EXPRESS a profité de l'occasion pour réaliser une entrevue avec Julie Renaud, la directrice de La Frimousse. Entretien avec une femme déterminée à préserver les services de garde offerts aux employé-e-s et aux étudiant-e-s du Cégep.

L’i papier EXPRESS : Comment est né le CPE La Frimousse?
Julie Renaud : Le CPE a été fondé par les trois syndicats d’employé-e-s du Cégep en 1976. La Frimousse est donc née d’un désir des employé-e-s d’avoir un service de garde à proximité de leur lieu de travail. Aujourd’hui, on a 49 places et on dessert également les parents qui étudient à Garneau.

L.E. : Dans les dernières années, les CPE ont absorbé plusieurs compressions. Quelles ont été les conséquences de ces dernières à La Frimousse?
J.R. : Depuis que les libéraux sont arrivés au pouvoir en 2006, nous faisons vraiment le lien, ils n’ont pas injecté d’argent neuf dans le réseau. D’abord, monsieur Charest a augmenté les tarifs : les places à contribution réduite sont passées de 5 $ à 7 $. Depuis, on va de compressions en compressions et elles ont des impacts concrets sur les employ-é-s et les services. À La Frimousse, nous avons été forcés de réduire les heures du cuisinier et de la directrice. Les éducatrices ont aussi fait des concessions sur les heures consacrées à la planification pédagogique. Nous avons éliminé les desserts. Maintenant, nous offrons des collations plus consistantes en après-midi (des muffins, des galettes), mais on n’a pas plus de dessert.

L.E. : On comprend que l’annonce de nouvelles compressions suscite la mobilisation. Pour le CPE La Frimousse, il s’agit d’une diminution de 43 000 $ pour 2015-2016. Si le gouvernement libéral ne recule pas, quels seront les impacts à La Frimousse?
J.R. : On doit absorber ces nouvelles compressions alors que tous nos frais fixes augmentent : le coût du loyer, la nourriture et les salaires des éducatrices. De plus, l’année prochaine, les compressions pourraient atteindre 50 000 $. Pour le moment, on se tient la tête hors de l’eau, mais on ne sait pas pour combien de temps. On organise un spectacle-bénéfice qui se tiendra le 20 février prochain. On essaie aussi de maximiser les ressources. Mais, on n’a pas de solution miracle. Il faut que le gouvernement recule parce que, maintenant, c’est vraiment la qualité des services aux enfants et aux parents, ce sont les emplois qui sont en jeu. En fait, c’est la survie de La Frimousse qui est en jeu!

L.E. : Est-ce que cette décision des libéraux pourrait mener à la fermeture de La Frimousse?
J.R. : Oui, tout à fait. Le ministère nous pousse à des fusions, à des mutualisations de service avec d’autres CPE. On a planifié des rencontres avec d’autres CPE. Mais on ne veut pas perdre notre identité, La Frimousse. C’est pourquoi c’est vraiment important de se mobiliser!


Le 9 février dernier, au lendemain de manifestations organisées dans une vingtaine de villes (dont Montréal où plus de 20 000 personnes se sont réunies), le premier ministre, Philippe Couillard, a déclaré que son gouvernement entend maintenir les compressions. Cependant, le mouvement « CPE en péril ! » n'a pas dit son dernier mot.

Pour signer la pétition pour un réinvestissement dans des services de garde de qualité :  

8 mars : Épinglettes solidaires

 
Le 8 mars, plusieurs organisations soulignent la Journée internationale des femmes. Cette année, les comités Femmes de l'Association étudiante, du SPCFXG, du Syndicat des professionnel-e-s et du Syndicat du personnel de soutien ont décidé de s'unir pour organiser une activité sur le thème des femmes autochtones. Le contenu de cette activité vous sera transmis prochainement.

De plus, le SPCFXG vous offre la possibilité de soutenir le Comité de parents aux études en vous procurant l'épinglette du 8 mars pour la somme de 5 $. Nous vous aviserons dès que les épinglettes seront disponibles au local syndical.  

 

Commission des études : PIEA et programmes d'étude

 
Dans le contexte des négos, l’assemblée du SPCFXG a adopté, cet automne, quelques moyens de pression, dont une « paralysie » de certains dossiers relatifs à la Commission des études. Ce moyen de pression a été levé à la suite du vote en faveur de l’entente de principe. Les travaux de la Commission des études ont donc repris leur cours normal. Nous désirons attirer l’attention des membres sur deux sous-comités qui se pencheront sur des questions très importantes. 
 
Sous-comité de travail sur l’article 6.19 de la PIEA: Révision de note
Le mandat de ce comité est de réviser cet article pour qu’il y ait moins de disparités entre les différents programmes et les différentes disciplines du cégep et pour faciliter la gestion du processus de révision de note. Comme chacun le sait, la révision de note en fin de session revêt un caractère fortement épineux et parfois même émotif, tant du côté étudiant que professoral. Un courriel a été envoyé aux coordonnateurs et aux coordonnatrices par la conseillère pédagogique attachée à ce comité, Danielle-Claude Bélanger. Il importe que les départements discutent de ce sujet et qu’ils expriment leurs préoccupations lors de la consultation qui aura lieu en réunion de CD-RP ou directement en s’adressant aux membres du sous-comité.
 
Sous-comité sur le Cadre de fonctionnement des comités de programmes et la Politique institutionnelle de gestion et d’évaluation des programmes d’étude
 
Ce sous-comité doit produire un Cadre de fonctionnement des comités de programmes visant à clarifier les rôles et les responsabilités des différents intervenant-e-s (responsables de programmes, disciplines  contributives, formation générale, etc.) dans le processus décisionnel des programmes. Une large consultation est prévue : les professeur-e-s seront notamment appelés à se prononcer en département et en comité de programmes. Éventuellement, le comité devra aussi rédiger une Politique institutionnelle de gestion et d’évaluation des programmes d’étude.

Même si les travaux entourant ces deux dossiers sont balisés par différents « garde-fous » tels que la présence de membres du corps professoral et de l’exécutif du SPCFXG au sein des comités, de même que les consultations prévues en département, en comité de programmes en CD-RP et en CRT, il importe que toutes les équipes demeurent vigilantes. Au besoin, on peut en tout moment s’adresser à moi.

Gabriel Bouchard, vice-président à la pédagogie

Printemps érable : Les arrêté-e-s d'une manifestation féministe innocentés


Le 9 février dernier, le juge Guy Cournoyer a exonéré de tout blâme les 81 personnes appréhendées lors d’une manifestation féministe contre la hausse des frais de scolarité le 27 avril 2012. Rappelons que des étudiant-e-s et des professeur-e-s de Garneau étaient au nombre des arrêté-e-s de cette manifestation et que ces dernier-e-s avaient reçu un constat d’infraction de 500 $.

Cette arrestation de masse avait été effectuée en vertu du règlement 500.1 (obstruction des voies publiques) qui a été déclaré inconstitutionnel en novembre 2015. Le juge Cournoyer avait alors conclu que « l’article 500.1 enfreint les libertés d’expression et de réunion pacifique protégées par les Chartes québécoise et canadienne ».  C’est en raison de ce jugement que la Ville de Québec s’est vue forcer d’abandonner ses poursuites contre les manifestant-e-s.

L’abandon de ces poursuites représente une grande victoire pour les mouvements sociaux. En effet, il s’agissait de la première arrestation de masse contestée à Québec devant la Cour municipale. L’avocat de la défense, Enrico Théberge, compte maintenir la pression puisque 220 autres de ses client-e-s ont été arrêtés en vertu du règlement 500.1.

Le SPCFXG se réjouit de la fin de ces procédures. En 2012, le SPCFXG avait adopté en assemblée générale une résolution visant à soutenir ses membres qui avaient été arrêtés lors des arrestations de masse de 2012, entre autres, devant le Cégep Limoilou (19 avril) et sur Grande-Allée (27 avril).

 

18 février : Assemblée générale

 
La première assemblée générale de l'année aura lieu le jeudi 18 février, de 12 h à 14 h, au G-2813-2817. Venez en grand nombre !

Tribune : Exercice de style sur la précarité.prise 2


Pour sensibiliser, éduquer, se vider le cœur. Parce que la précarité, non, ça n’a pas à être un passage obligé. Et aussi parce que, lorsqu’on devient permanent, on oublie parfois ce que c’est que d’être précaire.

Mise en garde : Ce texte vous paraîtra sans doute long et rébarbatif par moment, mais certaines informations s’y trouvant s’avèrent selon moi cruciales, particulièrement pour le cheminement de carrière des profs à statut précaire.
 
Certains se souviendront que j’avais fait publié un texte intitulé Exercice de style sur la précarité dans la section Tribune de L’i’ papier EXPRESS du mercredi  5 novembre 2014. Un an et des poussières plus tard, j’aimerais poursuivre la petite histoire, mais vous me pardonnerez pour l’entorse à la forme. Je n’ai plus le cœur à faire un exercice de style.  Je serai davantage plus personnelle dans mon écriture. Au fil du temps, on finit par se tanner des faux-semblants.

À la lecture du texte publié en 2014, vous aurez sûrement compris que, malgré le fait que je n’utilisais pas le « je », il s’agissait bien de ma situation. Il s’agissait aussi de la situation de bien d’autres, comme les nombreux témoignages de collègues suite à la publication me l’ont démontré. Lorsque j’écrivais « La précarité, c’est apprendre qu’après 6 ans de service, on a juste un cours pour toi à l’hiver », il s’agissait de moi. La vie (ou le formidable service du SOCS, ou le hasard, ou la magie de Gandalf) fit en sorte que je me retrouvai finalement temps plein, contre toutes attentes, à la dernière minute en janvier 2015. Ô récompense suprême, comme une étoile dans mon jadis cahier d’étudiante modèle, on m’octroya un contrat annuel en mars. Bingo! cria la madame au micro, vous venez de vous voir décerner votre 6e contrat annuel en 6 ans et demi, et, comme à chaque fois, contre toutes attentes, lire à la dernière minute en mars ou en juin. Parce que dans la vraie vie du système collégial, il y a aussi des précaires chanceux au dernier tour de piste. Du moins, monétairement. Pour la petite histoire, j’ai toujours été chanceuse, moi. Je suis gras dur.

De précarité, de gras dur et de perspectives d’avenir
Oui, gras dur. Parce que dernièrement, mes oreilles ont saigné, une fois de trop. Lors de l’assemblée générale où nous devions nous prononcer sur les 2 ententes minables (mon opinion, j’en conviens) qui dicteraient nos conditions de travail pour les cinq prochaines années, un membre, prof permanent dois-je le préciser, affirma qu’il considérait que nous, les profs de cégep, étions extrêmement privilégiés, ni plus ni moins gras durs dans le langage courant. Sur ma chaise, je trépignais de rage. Je me suis retenue d’aller intervenir au micro, une deuxième fois, pour cette fois-là  faire un long plaidoyer sur les conditions des profs précaires au collégial, qui, je le répète ici, constituent plus de 40 % de tout le corps professoral collégial du Québec.  Je ne crois pas que je me retiendrai si un jour j’entends encore des propos similaires tenus par mes collègues.  

 
Dans la même veine, selon un article publié dans Le Devoir du 19 janvier 2016, on apprenait que « …à l’échelle du Québec, les effectifs à l’enseignement ordinaire à temps plein dans le réseau collégial public doivent passer d’environ 150 000 cette année à 138 000 d’ici 2020 en raison de facteurs démographiques comme le vieillissement de la population. » :
http:// (http://www.ledevoir.com/societe/education/461163/cegep-du-vieux-montreal-les-greves-nuisent-aux-inscriptions).
Loin de moi l’idée de brandir les épouvantails, mais il est tout de même important d’être au fait de cette prédiction pour la moins alarmiste, qui, si elle s’avérait vraie, se traduirait de toute évidence par une plus grande précarité. Je vous laisse le soin d’imaginer le sombre portrait de départs à la retraite non comblés et de professeurs permanents se retrouvant mis en disponibilité (MED). Et comme si on ne l’avait pas vu venir celle-là, l’entente sectorielle de notre fort probable nouvelle convention collective prévoit trop peu de nouvelles dispositions pour améliorer le sort des profs précaires pour les 5 prochaines années. À mon avis, nous avons manqué collectivement, encore une fois,  puisque la chose se produit de convention en convention, à notre devoir de protéger et améliorer notre sécurité d’emploi et les conditions de travail de nos collègues les plus faibles du maillon.
 
De précarité et d’Annexe J
Pour revenir à mon histoire personnelle, en juin 2015, je signai un contrat à temps partiel avec quelques grenailles d’ETC pour l’automne 2015, alors qu’une collègue plus basse dans la liste d’ancienneté, hérita d’un contrat de 0,5 ETC. Et oui! Elle avait la « chance » d’avoir été sélectionnée comme enseignante-accompagnatrice à l’étranger des étudiants du programme Arts, lettres et communication, profil immersion, et cela faisait en sorte qu’elle pouvait signer un contrat de 0,5 ETC même si des profs la précédant en ancienneté ne pouvaient en faire autant. Incroyable, mais vrai! L’annexe J  des Ententes préalables 2015-2016 permet ce genre de situations pour le moins surprenantes. Ceci avait été soulevé par certains membres du Département de langues en assemblée générale syndicale au printemps 2015 lors de l’adoption dudit document présentant les ententes. Certains membres de l’assemblée ne souhaitaient pas participer à « ce lavage de linge sale en public » et se demandaient pourquoi le Département de langues n’avait pas fait ses devoirs lors des consultations précédant l’adoption de cette entente. L’assemblée syndicale adopta les ententes en convenant qu’un travail sur l’Annexe J devrait peut-être fait avec le Département de langues avant l’adoption des ententes préalables de l’année suivante. Vérification faite après l’assemblée générale, il s’avéra que le Département de langues n’avait jamais été consulté  (!) avant l’adoption de l’Annexe J initiale, comme ce fut le cas pour les départements concernés par l’Annexe I qui est très similaire à l’Annexe J. Il s’avéra que tant d’énergie avait été mise à l’époque sur la difficile rédaction de l’Annexe I, que l’Annexe J fut rédigée sous la formule copier-coller sans consulter le département concerné. Une très, très, très grave erreur, car le profil du Département de langues et les problématiques causées par le profil Immersion du programme Arts, lettres et communication ne sont pas identiques à celles des départements concernés par le profil Globe-Trotteur du programme de Sciences humaines. En mai 2015, un membre de l’exécutif syndical rencontra le Département de langues à ce sujet. Les membres du département purent alors enfin exprimer leurs craintes et questionnements. Le département convenu que d’éventuels changements à l’Annexe I devaient être considérés et demandèrent l’aide de l’exécutif en ce sens. En date du 30 janvier 2016, l’exécutif syndical n’est toujours pas revenu rencontrer notre département. Certains membres sont très inquiets, surtout dans le contexte actuel où le département n’a que deux enseignants à statut précaire à l’embauche cet hiver, ces deux enseignants se partageant l’équivalent de 0.5 ETC.  L’échéance pour l’adoption des Ententes préalables 2016-2017 approche…

De précarité, d’accès aux congés, et de précarité bis
Encore une fois, la vie (ou le magicien d’Oz) fit en sorte qu’une charge sessionnelle temps plein me fut offerte quelques jours avant la rentrée en août 2015. L’écart sur l’échelle d’ancienneté entre moi et les autres précaires plus bas était sauf, pour cette fois-là du moins. Je fis le choix très personnel, peut-être fou me diront certains, de me prévaloir de 80 % d’une charge complète pour cette session-là.  Il m’était par ailleurs impossible de profiter d’un PVRTT puisque, comme à l’habitude, je n’ai jamais de contrat annuel temps plein signé pour l’année scolaire en cours avant mars ou juin, même après 6 tels contrats consécutifs signés en 6 ans et demi. Le Collège refusa aussi de m’octroyer un PVRTT conditionnel à la signature d’un contrat annuel en mars, puisqu’à ma grande surprise, je n’avais encore aucune attribution de charge pour l’hiver 2016. Je ne les blâme pas. Avoir été eux, j’aurais fait la même chose. Et oui, les profs précaires n’ont pas droit aux mêmes congés et divers avantages que les profs permanents.

De précarité et d’accès à l’assurance-emploi
Enfin, pour terminer ma petite histoire, j’appris en novembre 2015 qu’il n’y avait aucun cours pour moi à l’hiver 2016, et chose encore pire, qu’il n’y avait qu’un groupe disponible pour le prof me précédant en ancienneté (les membres de notre discipline prennent pour la grande majorité 4 groupes à l’hiver), qui est le 1er précaire sur la liste (!). Le département au grand complet était sous le choc, puisque nous n’avions pas vu une telle chose depuis fort longtemps. Certaines sessions, 5 à 6 précaires en dessous de moi trouvaient emploi dans notre département depuis les 7 dernières années.

Cette fois-ci, j’ai malheureusement eu moins de chance au dernier tour de piste. La fée des étoiles m’avait oubliée… Le 15 janvier 2016, on m’informa qu’une charge de 0.1181 ETC. Le 17 janvier, j’appris que je n’avais pas le droit à l’assurance-emploi. Oui, vous avez bien lu. Pour avoir droit à l’assurance-emploi, une des conditions est d’avoir été 7 jours sans emploi. Or, au collégial, lorsque l’on obtient un contrat à l’automne et un autre à l’hiver, aussi minime ce dernier soit-il, il n’y a pas d’arrêt de contrat ou de paiement. Ces 2 contrats se chevauchent. Donc, un tel prof qui signe un contrat avec une charge de 0.1181 ETC à l’hiver se retrouve donc moins bien payé que s’il avait été sans emploi et avait reçu le maximum admissible d’assurance-emploi (524$/semaine), question de prendre un chiffre pour comparer.

Aurais-je pu refuser ce contrat de grenailles? Oui, évidemment, mais aux yeux de l’assurance-emploi, il aurait s’agit là d’un refus de travail. Du coup, bye-bye l’admissibilité au programme. Sans compter qu’un des précaires me suivant aurait ramassé ce pactole en grugeant l’écart d’ancienneté entre nous.

De précarité, d’engagement à la formation continue et de course folle à la permanence
Certains me demanderont pourquoi je ne travaille pas dans d’autres cégeps ou pourquoi je ne suis pas minimalement sur leurs listes d’ancienneté. Après tout, ne s’agit-il là pas de la réalité d’un grand nombre de précaires, cette course aux contrats et cette schizophrénie bisannuelle d’un individu entre 2-3-4… institutions d’enseignement? Certains diront même qu’il s’agit d’un passage obligé du genre « Mange tes croûtes et un jour tu auras du pain ». Vous, vous en connaissez-vous beaucoup des profs précaires qui travaillent à temps plein dans un cégep depuis 6 ans et qui pendant ce temps-là choisissent aussi de travailler dans un autre cégep pour garder leur place sur une autre liste d’ancienneté? Moi, je n’en connais pas. Vient un moment dans une carrière où tu crois que tes arrières sont assez bien assurés pour te permettre de regarder enfin vers l’avant. C’est ce qui m’est arrivé. Et soyez d’ailleurs rassurés : loin de moi l’idée de devenir une bénéficiaire à moyen ou long terme de l’assurance-emploi. Je VEUX travailler. Mais, j’ai aussi besoin d’avoir les moyens d’acheter des croûtes, ce que je n’ai pas en ce moment de façon indépendante. J’ai la chance d’avoir un conjoint qui me supporte momentanément. Que dis-je, il s’agit plutôt d’une rédemption.

Tenez bon, chers lecteurs! D’autres révélations à la sauce « Enquête » s’en viennent, et celles-ci pourraient être déterminantes pour votre carrière. Comme je suis forcée de me résigner à remuer ciel et terre pour transformer mes croûtes en pain, je cherche des contrats depuis. Mais, bien évidemment, je dois me tenir aussi disponible pour ramasser les grenailles d’ETC qui pourraient me tomber dessus dans mon département, advenant qu’un collègue tombe soudainement malade ou que le ciel nous tombe finalement sur la tête. Vous imaginez le dilemme. En fait, beaucoup d’entre vous le vivent actuellement. Car, bien sûr, comme si la situation n’était pas déjà assez difficile à supporter, vos collègues derrière vous vous chauffent les fesses. Eux aussi ont faim! Dans vos pires cauchemars, ils se transforment en loups-garous.

Voilà que dans le désert m’apparut le mirage de la formation continue. La première étape, c’est de le voir ce mirage. La deuxième, c’est de postuler sur toutes les charges possibles et inimaginables qui apparaissent dans votre discipline. La troisième, c’est d’être engagé, parce qu’après tout, cela pourrait être relativement facile puisque vous comptez presque 7 ans d’ancienneté à Garneau. Bah, il y a bien ce prof inconnu du régulier qui travaille depuis 11 ans à la formation continue, mais après lui, il y a VOUS et c’est dans la poche! Erreur. Oui, erreur. Vous appelez alors au syndicat, car, malgré vos 3 ans et demi d’expérience au sein de l’exécutif syndical, vous souhaitez confirmer votre vision (mirage) des choses. S’il y a une chose que vous avez apprise lors de ce passage à l’exécutif, c’est qu’il faut toujours vérifier et re-vérifier, même quand on est certain à 100% d’avoir raison.

La convention collective 2010-2015 prévoit en effet que, sauf indication contraire, l’ancienneté utilisée par le Collège pour déterminer la priorité d’embauche pour des charges à la formation continue est celle de la liste officielle d’ancienneté publiée le 15 octobre de chaque année. Ainsi, le Collège doit d’abord engager le MED du Collège, et ensuite le non-permanent ayant une priorité d’emploi à l’enseignement régulier dans sa discipline. Or, et c’est là que vient la révélation, il semblerait que le Collège ait d’autres pratiques en ce sens que celles prescrites par la convention collective. En effet, advenant le cas, que 2 précaires du secteur régulier n’ayant pas une charge complète postulent sur une charge à la formation continue, disons Marie avec 7 ans d’ancienneté et Claudia avec 0.25 an d’ancienneté, contre toutes vos attentes et votre gros bon sens, ce sera Claudia qui aura le contrat. Pardon? Et oui! Parce que, ce que vous ne saviez pas, c’est que Claudia, elle, a travaillé à la formation continue dans les 3 dernières années. Marie, elle, n’est plus sur cette liste depuis fort longtemps. Pendant que Claudia travaillera à la formation continue, elle accumulera de l’ancienneté là-bas, qui bien sûr, conformément à notre convention collective, sera accumulée sur son ancienneté au régulier. Elle se retrouvera donc à gruger de l’ancienneté aux précaires la précédant sur la liste, sans qu’aucun d’entre eux ne puissent faire QUOI QUE CE SOIT. Éventuellement, elle en dépassera peut-être quelques-uns si elle persévère, car peut-être aura-t-elle même la chance de travailler alors que ces collègues du régulier ne le peuvent pas. La seule chose que Marie peut faire, c’est de postuler sur chaque charge disponible à la formation continue, tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas obtenu sa permanence, en espérant qu’un jour, Claudia aura oublié d’appliquer ou ne voudra pas prendre ce contrat. Le jour où cela arrivera, Marie (même si elle est essoufflée par cette course à la permanence et est sur le bord de l’épuisement professionnel) pourra enfin prendra une part du gâteau de la formation continue dans sa discipline. Et parce qu’elle aura été chanceuse et sera toujours au-dessus de Claudia sur la liste d’ancienneté au régulier, elle passera dorénavant devant Claudia pour toutes les autres charges où les deux postuleront.

Mais comment une telle aberration est-elle possible dans le fabuleux monde de Garneau? Croyez-le ou non, il existe une pratique au Collège, dont personne ne sait si elle remonte à la nuit des temps, d’avoir 2 listes d’ancienneté séparées pour le secteur régulier et la formation continue. Dans les faits, cela donne lieu aux aberrations ci-haut mentionnées. Donc, pour l’engagement à la formation continue, on fonctionne avec la liste des gens qui travaille à la formation continue d’abord, peu importe si un enseignant du secteur régulier a plus d’ancienneté qu’un enseignant qui est sur la liste de la Formation continue. Cependant, lorsqu’il s’agit de l’ancienneté des enseignants travaillant dans les 2 secteurs, il n’y qu’une seule liste. Cela signifie qu’un précaire au secteur régulier peut avoir le privilège de mener une course à l’ancienneté déloyale, qu’il en soit conscient ou non, en accumulant de l’ancienneté via des contrats à la formation continue, sans que les autres précaires ne puissent faire quoi que ce soit. On appelle cela, en bon québécois se faire fourrer des deux bords.

Je vous vois rouler des yeux. Mais pourquoi une telle pratique existe-t-elle? Le Syndicat a -t-il un jour jadis signé une entente locale en ce sens? En date, du 29 janvier 2016, ni le Syndicat ni les Ressources humaines ne savent. Évidemment, des enquêteurs seront déployés et peut-être qu’au moment de lire ces lignes nous auront finalement la réponse cette énigme du Sphinx.

De précarité, de combativité et de vigilance
Chers précaires, j’espère que vous me lisez toujours. C’est pour vous que j’ai pris tout mon samedi pour écrire ce texte. Pour vous éviter de souffrir inutilement. Pas pour faire pitié. Je suis habituellement réfractaire à donner des conseils aux autres, mais là je vous conseille de faire attention à vos fesses, car il se pourrait que quelqu’un vous chauffe le cul sans que vous n’en ressentiez la chaleur! Vous souhaitez savoir qui de vos collègues précaires au régulier sont sur la liste d’ancienneté à la Formation continue, question de voir les coups d’échecs venir d’avance et de peut-être vous aussi postuler sur des ouvertures dans ce secteur pour tenter de préserver votre rang sur la liste d’ancienneté au régulier? Consultez alors la liste d’ancienneté de votre discipline au 17 août 2015, tel que publiée le 15 octobre 2015. Je vous souhaite toutefois qu’elle soit exempte d’erreurs. Celle de notre département en contenait une, erreur qui fut constatée le 29 janvier 2016 à la fois par les Ressources humaines, des membres de l’exécutif syndical et moi-même. En effet, on a omis de cocher la case Formation continue pour les enseignants au régulier qui y travaille. Ce qui fait qu’aucun d’entre nous dans ma discipline, ne savaient que des enseignants du régulier travaillaient à la Formation continue. Quelque chose qui apparait de l’ordre du détail, mais qui pour un prof précaire peut allumer une lumière et peut-être éventuellement changer un cheminement de carrière. Il est possible que la liste de votre discipline contienne aussi de telles erreurs. Et n’oubliez surtout pas que, cette liste est à jour au 17 août 2015 seulement. D’autres de vos collègues pourraient depuis travailler à la Formation continue sans que vous ne le sachiez.

Au-delà de toute cette histoire aux rocambolesques détours, je me questionne. Je me questionne sur ma place dans ce système parfois injuste et qui fait mal. Je me sens plus que toute nue face à lui, l’honorable robe de la convention collective me protégeant à peine. Quant à moi et à ma situation en tant que prof à statut précaire, on ne parle pas d’une robe de chambre bien épaisse et chaude, mais plutôt d’un minable voile jeté sur une épaule. Si les ententes locales telles que l’Annexe J et peut-être une entente pour l’embauche des profs à la formation continue permet à des précaires d’en dépasser d’autres sans pouvoir intervenir, la sécurité d’emploi n’est qu’un bien pâle mirage. Où sont les gardiens de la convention collective? La raison première de notre convention collective n’est-elle pas d’abord et avant tout de protéger notre sécurité d’emploi? Et à quand une formation complète pour nos enseignants précaires qui leur expliquerait les rouages d’un système compliqué et les mettrait en garde contre les écueils de la fameuse course à la permanence? Parce que si moi je m’y fais prendre après 3 ans et demi passés à l’exécutif, j’imagine qu’il y en a bien d’autres qui auront de mauvaises surprises.

ENFIN, vous me trouvez amère, déprimée, déprimante, chialeuse, syndicaleuse, rabat-joie? (En passant, j’adore enseigner, enseigner dis-je, non pas tout le reste, et plus les années passent et plus j’aime mes étudiants.) Après 5 ans et demi d’ardues études universitaires, 35 000 $ de dettes à la sortie des études, et 7 ans d’engagement au CÉGEP Garneau, je suis déçue, amère comme la mer à boire par moment, réaliste et en colère souvent. Et si c’était vous?

Merci de m’avoir lue. Une souffrance partagée est une souffrance diminuée dont la compassion est le baume.

Maryse Arseneau, enseignante
Département de langues - anglais



Note de  L’Exécutif  :  Lors de la prochaine assemblée générale, la question des listes d’ancienneté sera abordée.
 
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